Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/214

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ainsi, au milieu des bois, nous rassasier sous un chêne, nous désaltérer au premier ruisseau et nous reposer sous ce même chêne où nous avons trouvé d’abord notre nourriture, notre Réformateur nous fait faire quatre bons repas par jour, nous habille très élégamment et donne à chacun de nous autres, pères de famille, de charmantes maisons de mille louis. C’est là avoir bien su concilier les agréments de la vie sociale avec ceux de la vie naturelle et primitive. » Babeuf insiste seulement pour que dans la société future on supprime l’hérédité des biens, parce que chaque enfant ayant une part égale à celle de ses frères et sœurs, les individus qui naissent dans une famille nombreuse sont nécessairement réduits à une faible part, tandis que si « chaque mourant laissait la société entière e héritière de tout son avoir, chaque enfant en naissant se verrait aussi riche positivement que ceux dont il aurait reçu l’être et encore que ses frères, ses voisins et tous les individus de son espèce » (p. 204). Sous cette condition, il goûte fort la société régénérée. « Eh bien ! Vivat ! Pour moi, je suis décidé à être un des premiers émigrants qui iront peupler la République nouvelle ! »

Et sur l’heure, il se préoccupe des moyens à employer pour réaliser cette république. Pour Dubois de Fosseux, elle est un thème à développements littéraires ; pour lui, elle est un projet sérieux, un programme d’action politique. « Que j’aime le Réformateur général ! c’est bien dommage qu’il laisse ses moyens en blanc ! » Il voit en idée le passage d’un ordre social à l’autre. « On a écrit, il y a quelques années, contre les progrès excessifs du luxe. J’espère que quand notre nouvelle république sera formée, on n’agitera plus de semblables questions, puisque tous les états utiles (et il n’y en aura plus sûrement que de tels) seront également honorables. » D’emblée, il se pose le problème de l’organisation sociale selon la rigueur