comité et se concertaient pour prendre la tête du mouvement, il en fut très ému. Il essaya de paralyser leurs efforts en recommandant à ses agents de semer la défiance autour d’eux ; mais un jour vint où l’on s’aperçut qu’on ne pouvait les tenir à l’écart. Fillon et Rossignol auxquels un rôle militaire important avait été assigné, réclamaient ; ils faisaient de l’union avec les Montagnards la condition de leur concours, et d’autre part on annonçait que si la conspiration éclatait sans leur aveu, les ex-conventionnels paraîtraient au milieu du peuple et le sommeraient d’obéir à ses seuls représentants. Ricord et Laignelot ayant fait des propositions d’entente[1], le directoire fut très embarrassé. Debon renouvela les abjurations d’Héron. Les mêmes objections surgirent. Ces Montagnards étaient des Thermidoriens, ils avaient Legendre et Tallien derrière eux ; ils allaient exiger qu’on renie Robespierre et qu’on renonce à l’égalité parfaite ; ils prétendraient à la direction de la conspiration et énerveraient ses forces. Ne valait-il pas mieux, dit Debon, renoncer à l’entreprise que de les prendre pour alliés ? On négocia. On fit de part et d’autre des discours imités des bons auteurs de l’antiquité. Les Montagnards, après une défense digne, cédèrent sur les points importants. À la seule condition que soixantehuit des conventionnels proscrits figureraient de droit dans l’Assemblée nationale, ils consentirent à la nomination par le peuple insurgé, sur la présentation du directoire secret, d’un démocrate par département (178 députés en tout). Ils consentirent à ratifier l’article 17[2] de l’acte insurrecteur dont nous parlerons incessamment, article
- ↑ Il y avait eu auparavant une lettre de Babeuf à Drouet, du 17 germinal an IV. Robiquet, Revue de Paris, 15 mars 1897, p. 202, et Défense de Babeuf, Advielle, t. II, p. 272.
- ↑ Il ne peut être question de l’article 18 dont parle Buonarroti. Cet article, dans le texte qui nous est parvenu, n’a aucune portée ; il s’agit évidemment de l’article 17.