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Antonelle a été juré du tribunal révolutionnaire et a prononcé la condamnation des Girondins[1]. Bertrand a été maire de Lyon avant la révolte et après c’est un disciple de Chalier, « un défenseur austère de l’égalité, » d’une pureté et d’une fermeté incomparables, dit Buonarroti : nous savons ce que cela signifie sous sa plume. Parein a été, à Lyon, président d’une commission révolutionnaire dont le rôle était d’accélérer les exécutions ; il est l’un des organisateurs des fusillades et des mitraillades. Maillet a présidé le tribunal révolutionnaire de Marseille ; en quinze séances, il a jugé cent sept personnes et en a condamné cinquante-huit à mort. Maignet, ex-prêtre, ancien député du Puy-de-Dôme, désigné sur les listes de la conjuration pour représenter l’Aisne à la future Convention, a reçu plusieurs missions de confiance du Comité de salut public ; investi de pleins pouvoirs sur le département de l’Ardèche, c’est lui qui a créé la terrible commission d’Orange (elle fit périr 332 personnes) et qui a exécuté la petite ville de Bedoin, comme un autre conjuré, ex-conventionnel également, Javogues, a exécuté la ville de Montbrison[2]. Maignet est un type achevé de terroriste. Deux courts extraits de ses lettres le caractériseront suffisamment. De Marseille, le 7 ventôse, an III « La guillotine abattra aujourd’hui cinquante têtes contre-révolutionnaires et tout sera parfaitement tranquille. Chaque nuit l’on a purgé un arr ondissement : cinq cents personnes sont déjà arrêtées et tout est calme. » Le 10 ventôse « Les arrestations ont continué et continuent encore. La guillo-

  1. Il « était persuadé en son âme et conscience que le jury révolutionnaire devait obéir dès que le peuple (assistant aux jugements) avait manifesté sa volonté, et était tenu conséquemment de lui donner la tête d’un accusé aussitôt qu’il la lui demandait. » Nous verrons tout à l’heure que c’était un philosophe, qui préférait le Platon des Lois à celui de la République.
  2. Javogues en mission parlait de faire tomber un million de têtes ! Voir : Wallon, Les Représentants en mission, t. III.