Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/340

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nationaux n’étaient pas vendus au 9 thermidor (les ventes opérées depuis sont donc frappées de nullité) ; les biens des ennemis de la Révolution, dont les décrets des 8 et 13 ventôse de l’an II avaient investi les malheureux ; les biens échus où à écheoir à la République par suite de condamnations judiciaires ; les édifices actuellement occupés pour le service public ; les biens dont les communes jouissaient avant la loi du 10 juin 1793 ; les biens affectés aux hospices et aux établissements d’instruction publique les logements occupés par les citoyens pauvres (ceux-ci sont logés dans les maisons des riches depuis le triomphe du peuple) ; les biens de ceux qui en feront abandon à la République ; les biens usurpés par les fonctionnaires enrichis ; les biens dont les propriétaires négligent la culture. Cette grande communauté une fois établie, il ne faut pas douter qu’elle embrassera bientôt tous les Français. En effet le sort des membres de cette communauté qui jouiront, « moyennant un travail modéré, d’une honnête et inaltérable aisance, » qui seront entretenus par elle « dans une égale et honnête médiocrité, sera si heureux qu’il fera envie aux non-participants. « Le bandeau tombera bientôt des yeux des citoyens égarés par les préjugés et par la routine. » De plus ils seront seuls à payer les impôts, portés au double. Ils seront « accablés sous le poids de taxes progressives. » Ils auront la plus grande peine à faire cultiver leurs terres, puisque tout le monde aura le nécessaire moyennant un travail modéré exercé sur les terres de la République. Ils ne pourront rien acheter pour leurs plaisirs puisqu’il n’y aura plus de monnaie ; ils seront « éloignés des affaires, privés de toute influence, méprisés, ne formant plus dans l’Etat qu’une classe suspecte d’étrangers ; bref seront traités, selon un mot de Babeuf, en ennemis publics. Nous croyons donc sans peine qu’ils se décideront vite ou à émigrer, ou à « sceller