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de leur propre adhésion l’établissement pacifique et universel de la communauté. » Que s’ils s’y refusent, ils auront à compter avec l’autorité publique en vertu de l’article 11 de la nouvelle Constitution, ainsi conçu : « L’administration suprême astreint à des travaux forcés sous la surveillance des communes qu’elle désigne, les individus des deux sexes dont l’incivisme, l’oisiveté, le luxe et les dérèglements donnent à la société des exemples pernicieux. Leurs biens seront acquis à la communauté nationale. » Enfin le scandale de la propriété individuelle ne pourra en tout état de cause durer plus d’une génération, car « le droit de succession ab intestat ou par testament sera aboli » tout d’abord par décret, « et tous les biens actuellement possédés par des particuliers écherront à leur décès à la communauté nationale. » (Article 3.) « Tout portait » donc (avec combien de raison !) « le comité insurrecteur à penser qu’un heureux changement d’opinion eût été infailliblement la suite d’une semblable réforme. » On se demande même pourquoi Buonarroti ajoute : « Le jour fut bientôt arrivé où l’obligation et la contrainte eussent pu succéder sans danger aux exhortations, à l’exemple et à la force de la nécessité ; dès lors le mot propriétaire n’eût pas tardé à devenir barbare pour tous les Français. » Nul doute que, grâce à ces précautions, l’adhésion volontaire à la communauté de tous les anciens égoïstes n’eût prévenu l’action de la loi !

Suppression du travail libre. — « Dans l’ordre (social) dont il s’agit, les travaux nécessaires à la subsistance et aux agréments du peuple sont des fonctions dont les lois prescrivent les règles, afin qu’elles ne dégénèrent jamais en fatigue, qu’elles ne causent que le moins possible de peine, qu’elles ne chargent jamais un citoyen plus qu’un autre et que tous y soient appelés et encouragés par l’habitude, par l’amour de la Patrie, par l’attrait du plai-