Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/358

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travaux agricoles et mécaniques mêlés à des exercices militaires qu’il lui réserve, montrer de quel pur patriotisme et de quels sentiments élevés il voulait nourrir son cœur, et comment on oublie presque en lisant ces descriptions enthousiastes que tout cela n’est que chimère, si l’Etat ne reconnaît pas dans l’éducation domestique la source première de toute vigueur et de toute vertu. Nous devons nous borner, et de même quant aux programmes d’instruction, nous devons nous contenter de dire qu’ils sont inspirés du même esprit positif et patriotique[1] que ceux des Ecoles centrales créées en 1794 par la Convention, mais qu’ils en diffèrent en ce que ces plans d’instruction intégrale sont dans la pensée du comité dressés pour tous les jeunes Français sans distinction, et non pour les enfants d’une catégorie de citoyens. Buonarroti et Babeuf, bien que très favorables aux plans de phalanstère scolaire e que Robespierre avait proposés d’accord avec les Hébertistes, faisaient dans l’éducation une part plus large que les Hébertistes à la culture intellectuelle[2]. C’étaient des sans-culottes philosophes et délicats, très imbus au fond de cet humanisme raffiné qu’ils voulaient remplacer par l’étude des sciences et de l’histoire. Les conjurés parlaient en lettrés de l’éducation des filles quand ils disaient : « Les filles seront dressées aux travaux les moins pénibles de

  1. Ils excluaient la métaphysique (pas la leur !) et la science du droit et comprenaient la langue et la composition françaises, le calcul, l’histoire, quelques notions élémentaires de législation française, l’instruction civique, la statistique nationale, l’histoire naturelle, enfin la danse et la musique « qui devaient leur permettre de figurer dans les fêtes nationales. Toujours la République de Platon ! Page 287.
  2. Même ils réservaient des bourses aux jeunes gens qui auraient montré des aptitudes exceptionnelles pour qu’ils pussent prolonger leurs travaux auprès des magistrats chargés du dépôt des connaissances, c’est-à-dire auprès des membres de l’Institut. Ils eussent souhaité établir des conférences et des bibliothèaues populaires, pages 290, 294.