Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/406

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On pense aux places. On dénonce « l’aristocratie bureaucratique des ministères, » principalement à la Guerre où va être nommé Bouchotte, à l’Intérieur, aux Relations extérieures. Il faudra épurer, et par conséquence nécessaire remplacer ce personnel d’incapables ou de traîtres. On demande également l’épuration des états-majors et des inspecteurs généraux « qui ont anéanti dans nos armées l’esprit républicain par leur luxe scandaleux, leur morgue insolente, leur ineptie et leur incivisme. » Bouchotte vient se faire inscrire dans la séance du 4 thermidor au milieu des applaudissements. L’ancien personnel gouvernemental de l’an II tend, comme c’était le programme de la conjuration, à se reconstituer.

On signale, comme l’avait fait Babeuf, la présence à Paris d’étrangers, agents perfides de l’Angleterre.

Le 7 thermidor, le citoyen Bach déchire les voiles, avoue que la société du Manège continue celle des Jacobins, regrette ouvertement la Terreur, demande le réarmement des patriotes et fait un second exposé de son programme socialiste, déjà présenté le 30 messidor. Les ateliers de bienfaisance, l’impôt progressif, l’allègement de la classe industrieuse et laborieuse de la Nation par l’excédent des contributions levées sur les riches, l’obligation imposée à tout citoyen ayant plus de 1,200 livres de rente de rendre compte à la Patrie de l’emploi de son revenu, tel est ce programme. Ne serait-il pas juste, ajoute-t-il, au moment où les citoyens pauvres vont défendre le territoire, de les en déclarer copropriétaires avec les plus fortunés ?[1] Marchand et Chrétien s’enflamment. Chrétien qui voulait déjà en Floréal an IV que la révolution fût définitive et que les patriotes « allassent en bateaux » dans le sang des aristocrates, dit que les républicains ont toujours été

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