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plus difficiles aux réformateurs et se réduisait à un minimum. Babeuf « rêvait mieux. » La salle de la rue du Bac fut fermée par le Directoire le 26 thermidor, et un juge de paix, accompagné d’une force armée imposante, mit les scellés sur ses portes. Rien ne pouvait être plus favorable au succès du coup d’Etat de Brumaire que cette réapparition des systèmes terroristes et communistes, bien qu’atténués.

Tel est d’ailleurs le jugement de Cabet sur les conséquences politiques de la conjuration de Babeuf. « Voyez, dit-il, combien cette conspiration a été funeste au peuple qu’elle voulait délivrer ! C’est elle qui a épouvanté les riches, les bourgeois et les aristocrates, c’est elle qui les a serrés les uns contre les autres pour se défendre ; c’est elle qui les a disposés à se jeter dans les bras du premier venu qui serait-assez fort pour les protéger ; c’est elle qui les a jetés dans les bras de Bonaparte, comme elle les aurait jetés dans les bras des Bourbons ![1] » Tel aussi le jugement de Buonarroti : « A plusieurs traits de cette nature (la fermeture du club dit du Panthéon), la nouvelle aristocratie (lisez : le monde des affaires et du travail) dût reconnaître dans ce général déjà célèbre par la reprise de Toulon et par la journée du 13 vendémiaire, l’homme qui pouvait un jour lui prêter un solide appui contre le peuple (lisez : la minorité révolutionnaire) ; et ce fut la connaissance qu’on avait de son caractère hautain et de ses opinions aristocratiques qui le fit appeler, au 18 brumaire de l’an VIII, au secours de ce parti, effrayé de la rapidité avec laquelle reparaissait alors l’esprit démocratique[2]. »

Ce n’est pas seulement par une sorte de répercussion que les entreprises contre la propriété individuelle pro-

  1. Voyage en Icarie, 1848, p. 515.
  2. Conspiration, etc., t. I, p. 108.