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Il rivait sur leur cou leur chaîne politique,
Et sa main attachait un boulet despotique
Aux galériens couronnés.
Mais un jour il tomba… Les rois dans la carrière
Virent encor long-temps, empreints sur la poussière
Ses pas de gloire environnés.

La France paya cher les malheurs d’un seul homme,
Et les Goths se ruant sur la nouvelle Rome,
Foulèrent son corps amaigri ;
Le Cosaque suça la France ensanglantée,
Et le pâle Germain la traîna garottée
Pour l’attacher au pilori.

IV.



Peuple, c’est là le fond de ces géants si sombres :
Leurs gloires sont toujours enceintes de décombres :
La pourpre des grands rois fournit plus de lambeaux,
Et ces convulsions qui tourmentent la terre,
Laissent sur son sol nu dans la nuit solitaire
Moins de lauriers que de tombeaux.

Le néant qui s’attaque aux choses souveraines,
Creuse sous le pouvoir ses mines souterraines,
Rit de voir sur son front danser l’humanité ;
Puis, un jour engloutit, en allumant sa foudre,
Les trônes chancelans, les empires en poudre
Dans le sein de l’éternité.