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Lors je me prends d’amour pour les blanches étoiles,
Je regarde la lune au fond d’un ciel sans voiles ;
Je rêve à la nature ; et dans l’ombre, à pas lents,
Plus heureux que celui que le remords agite,
En grelottant de froid je regagne mon gîte
Et prends pitié de l’opulent.

Si vous voulez savoir où loge le poète,
Allez à Saint-Gervais, l’église où le vent fouette ;
Regardez devant vous cette maison en deuil,
Bien pauvre et bien vilaine, où, comme lui, Voltaire
Travaillait pour gagner quelques pouces de terre
Entre la gloire et son cercueil :

C’est là, voyez-vous bien, c’est là que loin du monde
Il tient son cœur exempt de tout contact immonde ;
C’est là qu’il faut monter pour lui serrer la main,
Car sa porte est toujours ouverte à la jeunesse.
Et comme Diogène il cherche en sa détresse
Un homme dans le genre humain !