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Le vin, en écumant, dans leurs coupes ruisselle,
Tous les yeux enivrés lancent une étincelle ;
Leurs corps appesantis et de débauche lourds
Tombent ; tous ces pourceaux se vautrent pêle-mêle
Et de la volupté faisant une gamelle
Roulent sur l’or et le velours.

Attirés par l’odeur les chiens sont à la porte
Qui hurlent ; les buveurs disent : Que nous importe ?
Pour qu’on puisse sans bruit les mettre à la raison
On leur jette des os à ronger, sur la terre,
Et s’ils veulent grogner, un gardien les fait taire
En les cognant de son bâton.

Ce n’est pas tout encor : pour compléter la fête,
Il leur faut une femme, un sein blanc, une tête
À froisser sous leurs mains ; on appelle un valet :
— Amène-nous ici la première venue
Jeune, belle, modeste, à la poitrine nue
Et blanche, à la taille qui plaît !

Elle avance en tremblant : dans ses mains pudibondes
Met son front qui rougit et ses mamelles rondes ;
Eux de rire : en chantant de lui tenir les bras,
Avec des doigts lascifs dénouant sa ceinture,
De flairer sur son corps la débauche et l’ordure,
Comme un vautour sent le trépas.