Page:Esquiros - Les Hirondelles, 1834.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 155 —

Le cœur plein de regrets, d’espérances flétries,
Oui, je veux reposer sous ces ombrages frais !
Prêtez-moi, beaux vallons, ô montagnes chéries,
Prêtez à l’étranger un coin dans vos prairies,
Une place sous vos cyprès ;

Car ma vie est fanée et se soutient à peine,
Car j’ai dit à ce monde un triste et long adieu ;
Et sur vos frais gazons, sous votre beau ciel bleu,
Il me semble aujourd’hui que je rendrais sans peine,
Mon corps à la poussière et mon ame à son Dieu.
 
La brise sur ma tombe effeuillera la rose ;
La colombe plaintive y chantera le soir ;
L’hirondelle ira boire au ruisseau qui l’arrose,
Et peut-être mon père un jour viendra s’asseoir,
Sur le gazon où je repose :

Courbez-vous, longs rameaux, sur ses cheveux blanchis ;
Chantez, oiseaux du ciel : Vierge de la vallée,
Dites-lui qu’en ces lieux je m’asseyai jadis ;
Baisant ses vieilles mains parlez-lui de son fils,
Mais cachez sous des fleurs son humble mausolée !