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Je ne vous verrai plus, couronné de feuillage,
En groupe, vous poser sur mon front sans nuage
Comme un essaim d’oiseaux :
Mais, arbre des hivers, aux dépouilles flétries,
Je pleurerai long-temps ces branches si fleuries
Où pendaient vos berceaux.

Adieu, muse céleste, adieu fidèle guide
Qui pleuras de mes pleurs, et dont le doigt timide
M’a montré le chemin :
Arrivé maintenant au terme du voyage,
Je te quitte à regret après un long orage,
En te baisant la main.

Adieu, verte jeunesse, adieu belles années,
Je n’irai plus cueillir dans vos landes glanées
De timides bluets ;
Le temps m’effleurera de son aile glacée,
Et bientôt on verra sur une corde usée
Errer mes doigts muets.

II.

Oh ! dans un cœur ami si ma parole tombe ;
Si j’éveille, en chantant, un écho de ma voix ;
Si je charme, en son ciel, une douce colombe ;
Si je laisse quelqu’un pour pleurer sur ma tombe
Près d’un rocher, au coin d’un bois ;