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Si du Dieu de Jacob j’entonnai les louanges ;
Si j’ai vanté le culte et le temple sacré ;
Si, m’entendant chanter, les célestes phalanges
Ont parfois, en passant, baissé leurs têtes d’anges
Autour de mon luth inspiré ;

De nos événemens si j’ai sondé l’abîme
Et pesé la grandeur dans le creux de ma main ;
Si, sous la gloire même en poursuivant le crime
J’ai montré le néant d’une tombe sublime
Et dit aux peuples leur chemin ;
 
Que me ferait alors l’orage populaire ?
Quand mes chants dispersés flotteraient en tout lieu,
Quand ils n’auraient pas même un phare tutélaire,
Que m’importe ?… ils vivront, dirais-je sans colère,
Dans le souvenir de mon Dieu !

En vain des grands périls un faible cœur s’étonne,
Ce n’est que par la mort qu’on entre au Panthéon ;
C’est le pied sur la bombe et le bronze qui tonne
Que vainqueur et royal au bout de sa colonne
Surgit le grand Napoléon.