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Ton front où l’avenir rayonne,
Grand centre de l’humanité,
Est la chaudière qui bouillonne
Enceinte d’immortalité.
Comme un sculpteur sur les collines,
Tu pétris de tes mains divines
Un moule que toi seul devines,
Pour y verser l’airain qui bout :
Et, dans ce corps brûlant de flamme,
Que l’on t’admire ou qu’on te blâme,
Fier, tu jetteras ta grande âme
Pour mouvoir un peuple debout.

Le siècle, qui vers toi gravite,
Ne peut dans la route des cieux,
Hâtant le pas pour aller vite,
Suivre ton pas audacieux :
Mais toi, dans ta pitié profonde,
Tu vois notre chaos immonde,
Et ne trouves pas notre monde
Assez grand pour te contenir :
Il faut dans une ère passée
Un horizon à ta pensée
Pour remplir la foule insensée
Et déborder sur l’avenir.