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Pour moi, lorsque la lune, avec ses pâles voiles,
Dans un ciel de printemps efface les étoiles
Sous ses pas radieux ;
J’aime, le front penché sur ma main qui s’incline,
IVfétendre solitaire au front d’une colline,
Et regarder les cieux.

Le vent souffle dans l’air ; alors chaque nuage
D’un ami qui n’est plus me retrace l’image,
Eveille un souvenir :
Je les vois tous passer ; quelques ombres chéries
Epanchent sur mon front leurs douces rêveries,
Et parlent d’avenir.

Les unes font frémir des robes agitées,
D’autres livrent au vent leurs barbes argentées
Qui tombent en flocons ;
D’autres, jetant sur nous leur voile diaphane,
S’inclinent mollement ; comme un lys qui se fane
Penche dans les vallons.

Voyez blanchir là bas cette vapeur humide
Qui fend l’horizon bleu de son aile timide
Et s’approche de moi :
Ange qui m’as souri dans ce désert du monde,
Avec tes yeux d’azur, avec ta tête blonde,
Gabriel, est-ce toi ?