Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/153

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conditions nouvelles du liquide. Ces poissons réformés, restes éteints et immortalisés dans la mort de l’ancienne population marine, sont là sous nos yeux qui nous disent : « L’Éternel nous a détruits parce que, sous cette forme, nous n’étions plus capables de vie dans l’économie générale du monde. » Nous ne saurions, en tous cas, assez admirer l’art avec lequel la nature a imprimé sur ces planches friables les êtres qu’elle allait sacrifier. Un grand nombre de poissons, ensevelis sous la boue bitumineuse dont l’action les avait tués, ont trouvé la conservation de leurs formes dans l’événement même qui les faisait périr. Rien n’égale la fidélité de ces moulures naturelles ; les plus fines arêtes ont marqué. À voir ces empreintes légères de poissons se montrer sur le fond obscur des couches, on dirait des imaginations d’êtres ou tout au moins d’anciens souvenirs gravés dans la mémoire de la terre.

Suivre le cours des temps exprimé dans cette galerie par les créations successives qui peuplent les cages de verre, c’est s’avancer avec la nature, des degrés inférieurs de l’échelle zoologique aux degrés supérieurs, de l’infusoire à l’homme. Seulement, ces pas que nous faisons de secondes en secondes, le temps les a faits avant nous, et les pas du temps dans ces grandes formations géologiques ont été peut-être de plusieurs milliers de siècles. Les progrès du règne animal ont été lents comme les causes qui les amenaient. À mesure que le monde ambiant, sans cesse renouvelé, eut revêtu des propriétés plus favorables à l’extension de la vie, on vit apparaître des êtres doués d’une capacité