Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/188

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séchée se couvrit de la première verdure. Enfin, le printemps repeuple en quelque sorte la solitude de nos bois et de nos rivières, par une émission nouvelle d’animaux qui s’élèvent depuis l’insecte jusqu’à l’homme. On peut donc dire que cette antique nature dont nous avons devant nous les sujets reparus et mutilés, ne diffère de la nôtre et des mouvemens qui s’opèrent encore sous nos yeux que par une intensité plus grande ; la force des agens de la création était alors proportionnée à l’œuvre qu’elle commençait.

La formation de l’année dégage bien, pour qui sait voir, une idée de la formation du monde : mais il faut toujours en revenir, si l’on veut rencontrer une image plus parfaite, à la succession des faits qui constituent la vie d’un être. Sans reparler ici des états embryogéniques et même de la première enfance, dont nous avons tous perdu le souvenir, n’y a-t-il pas des existences antérieures dont nous nous sommes pour ainsi dire dépouillés avant d’arriver à l’âge où nous sommes maintenant. Ces existences sont mortes pour nous, quoique nous vivions encore, et nous avons laissé dans chacune d’elles une manière d’être physique et morale. Les idées, les sentimens que nous avions dans ces âges effacés, demeurent enfouis comme de véritables fossiles dans les profondeurs de notre être, où le souvenir va quelquefois les visiter. Ils ont laissé une trace sur notre cœur, une empreinte dans notre cerveau, voilà tout. Le reste, ce que nous étions alors, notre physionomie, la couleur de nos cheveux ou de notre visage, notre taille, notre embonpoint, tout a changé. Cette évolution de faits différens, en-