Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/189

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gendrés néanmoins les uns des autres, donne en raccourci le spectacle de l’évolution du globe terrestre ; ce sont pareillement des actes de l’organisme qui se succèdent, des conditions de la vie qui s’altèrent et se renouvellent ; l’homme est un monde. Au milieu de ce mouvement fugitif qui fait en quelque sorte du même individu, dans tout le cours de son existence, plusieurs individus distincts, il y a néanmoins un lien qui rattache entre elles et qui continue des phases si diverses : ce lien est dans l’homme l’unité du moi, et sur le globe que nous habitons, l’unité de la vie.

Résumons-nous : la nature est un livre dont l’auteur a plusieurs fois revu et corrigé les épreuves. Les premiers animaux, ébauches des animaux à venir, se montrent en effet sur les planches de terre du Muséum, comme de pâles essais d’imprimerie, dont une main difficile rejette et remanie, à plusieurs reprises, les caractères. Ces feuilles mal venues au tirage de la création, sont remplacées, en effet, par d’autres feuilles sur lesquelles la vie recommence des traits nouveaux. Une série de tentatives sans nombre, constamment renouvelées, a donc précédé l’état actuel de notre monde, et a fixé sans doute à jamais cette dernière typographie des êtres vivans, sur laquelle l’auteur de la création a, si l’on ose ainsi dire, mis son bon à tirer. Cette idée, sur laquelle nous sommes plusieurs fois revenu, était très importante à dégager du spectacle de faits. Le sentiment du progrès de la vie dans l’univers se liera en effet tout-à-l’heure au sentiment du progrès de l’humanité, dont il est en