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ploi de la force morale, de se ranger aux lois de l’homme. Le mauvais emplacement de la ménagerie ne permet guère de montrer au public cet animal si doux, gardé par un simple treillage et un filet, dans un parc de verdure, comme les cerfs et les gazelles[1]. Soit que l’organisation du guépard, la forme de son cerveau, plus élevé que celui du tigre, la position de ses griffes moins redoutables que celles des autres carnassiers, l’ait destiné par les mains de la nature à un genre de vie particulier ; soit que l’éducation ait créé elle-même tous ces caractères, il est certain que l’homme à entrepris ou au moins achevé la conquête de ce précieux auxiliaire. Le premier obstacle à de grands succès qu’on rencontre ici, est dans le peu de séjour que les animaux féroces font à la ménagerie. Les ennuis de la captivité, le changement de climat, la privation d’air et de mouvement les condamne presque tous à une mort prématurée. On cite comme prodige une lionne qui vécut vingt-sept ans dans son étroite loge. Les autres individus se renouvellent si fréquemment qu’on n’a vraiment pas le temps de suivre sur eux des essais complets d’éducation. On a observé que les animaux féroces, appartenant à des industriels forains, quoique enfermés dans des cages encore plus étroites et soumis à une moins bonne nourriture, vivaient plus long-temps que ceux de la ménagerie royale. À défaut de locomotion libre et personnelle, c’est déjà une raison de santé pour ces remuans captifs, que de renouveler leur milieu am-

  1. Cet enclos est occupé maintenant par une jeune lionne qui se montre aussi peu dangereuse que le guépard.