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II. — Le docteur Gall.


À Mont-Rouge, dans une avenue plantée de tilleuls, connue sous le nom de l’allée du Pot-au-Lait, aujourd’hui fort dévastée et coupée à son milieu par le fossé de l’enceinte continue, au fond d’un grand pensionnat où bourdonne à certaines heures un essaim d’enfans, se cache sous les arbres une petite maison enveloppée de jardins. Par la manie que j’ai de rapporter la forme des lieux au caractère des hommes qui les ont habités, je me mis à chercher quel pouvait avoir été le maître de cette retraite. Le silence qui règne en tout temps dans cet endroit reculé, les masses de feuillage dont ce jardin et cette maison se trouvent protégés en été contre les regards curieux des voisins, je ne sais quelle obscurité douce qui invite tout bas à la méditation, tout me donna l’idée que cette maison avait appartenu à un ami de la science. La tournure rigide du bâtiment, la modeste façade à volets verts, l’ordonnance froide et nue des chambres cénobitiques, me firent croire que l’hôte de ces lieux devait être un de ces solitaires de la pensée qui cherchent dans l’étude une Thébaïde. S’il est vrai, comme je n’en doute pas, que l’homme s’imprime sur la nature, il était difficile de ne point reconnaître un esprit inventeur à la disposition bizarre du terrain, inégal, tourmenté, insolite, occupé