Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/363

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cours un célèbre voleur à la main, connu dans le royaume d’argot sous le nom fourtineur. Cet individu, d’une grande adresse, avait décroché avec la main, à la sortie de l’Opéra, une épingle d’or et de diamans engagée dans la chevelure de la reine des Belges. Il racontait ce fait et un grand nombre d’autres exploits aussi audacieux avec une satisfaction de vanité extraordinaire. Cet homme aimait son état ; non pas seulement, comme il disait, à cause des profits, mais à cause des émotions que ce métier lui procurait. Il décrivait avec ùn enthousiasme lyrique l’air déconcerté du pantre (l’homme volé) au moment où, s’apercevant de l’absence de sa montre où de son argent, il fouille son habit, son gilet, ses bottes, se fouille lui-même, cherchant des poches partout, se tourne et se retourne en tous sens, regarde autour de lui avec une angoisse risible, revient sur ses pas, cherche à ses pieds, cherche en l’air, recherche encore, interroge en silence les yeux des passans et ne peut croire à sa déroute. — Notre voleur aurait, disait-il, donné de l’argent au lieu d’en prendre pour jouir de cette scène comique.

Le docteur Gall avait coutume de montrer un assez fort développement de l’orgáne du vol sur la tête de Henri IV. Il rapportait à ce penchant naturel, toujours renaissant, ce mot du Béarnais conservé dans les chroniques de son règne : — « Si je n’eusse été roi de France, j’aurais été pendu. » L’impulsion de cet organe n’entraîne pas seulement dérober ; il tend en général à acquérir. On le retrouve, selon Gall, chez tous les grands conquérans, qu’on peut nom- “