Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/372

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Le docteur Gall prétendait que le caractère de l’assassin, visible sur le crâne, imprimait ses traits à l’exécution même du crime. Les organes de la ruse et du meurtre combinés avec l’absence de courage produisent les empoisonneurs. Il y en a plusieurs exemples sur les bustes d’assassins qui figurent dans cette galerie. L’instinct à cacher, l’esprit d’intrigue et de dissimulation à son siège marqué par la main de Gall. Cet organe est très fort sur la tête de certaines femmes. Il porte à ourdir des trames secrètes, à agir ténébreusement et sourdement, à ruser même avec sa propre conscience. Quand ce penchant se trouve uni à la destruction et à des facultés intellectuelles bien ouvertes, il produit certaines natures très puissantes pour le mal. Cette combinaison est, assure-t-on, frappante sur la tête de madame Lafarge.

Gall mettait encore sur le compte de l’organe destructeur toutes les professions qui exigent, comme celle du boucher, l’intervention de la force brutale et du carnage. Il trouvait aussi à cet endroit du cerveau le fiat lux de la puissance divine, que M. de Maistre déclarait nécessaire pour inventer cet homme-miracle, le bourreau. Combinée avec le sentiment religieux, la destruction produit les fanatiques sanguinaires. Gall montrait cette coïncidence sur le buste de Cromwell. Associé à de hautes facultés intellectuelles, ce même instinct carnassier donne au génie une direction sombre et tragique. William Shakespeare en est un exemple. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que Shakespeare était fils d’un boucher et que les formes caractéristiques de la tête se transmettent souvent