Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/67

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à cheval dessus, et traversa dans l’ombre sur cette échelle qui pliait, tandis que sa maîtresse, horriblement anxieuse, tenait un barreau dans ses mains crispées.

Heureuse nuit pour les deux amants.

Pourtant, au milieu de ses ravissements de cœur, Maurette éprouvait une sensation d’angoisse inquiète, en songeant au chemin que devait suivre Kérado pour s’en retourner. Aussi, lorsqu’avant la « pique du jour » il lui mettait au front le baiser reconnaissant du départ, elle le supplia de ne plus user de ce moyen de communication.

— Alors, nous nous verrons bien moins souvent, mon cher amour !

— Écoute, laisse ta porte ouverte le soir… Je tâcherai de m’échapper quelquefois…

— Mais tu courras le risque d’être vue !

— Ô mon doux ami ! j’estime plus ta vie que ma réputation !

Ce n’était pas chose bien facile que de descendre le petit escalier qui menait à sa chambre, et de sortir par la cour sans être entendue. Cependant, comme la pièce où couchaient son père et sa mère donnait par devant sur la rue du Grel, Reine, des chaussons aux pieds, réussit à descendre, une nuit, sans être ouïe de ses parents ni de Capdefer. Elle avait laissé le soir la cour entr’ouverte, et, légère comme un oiseau, elle s’élança sur la pointe des pieds et vint s’engouffrer dans la porte de la maison de Kérado, qui s’ouvrit pour la recevoir.