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Après les froides pluies de novembre, l’hiver était venu. D’âpres gelées avaient raffermi la terre et durci les empreintes moulées dans la glaise des chemins, depuis le sabot à petits fers du paysan jusqu’au pied fourchu des bêtes noires. Au-dessus des taillis dépouillés aux sous-bois feutrés d’herbes sèches, les baliveaux de deux ou trois âges se dressaient noirs dans le ciel d’un gris d’ardoise. Sur les étangs encore libres, la sauvagine s’abattait par volées avec de grands frémissements d’ailes ; au-dessus des hautes futaies, des bandes de corbeaux erraient en croassant, à la recherche de quelque vieille bourrique crevée qu’on aurait jetée au milieu d’une lande.

Dans sa chambre, près de la cheminée où brûlaient sur les landiers des troncs d’arbres, Daniel travaillait à son mémoire. Souvent, à un tournant difficile, ou en quête d’une transition, il s’arrêtait, et