Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sorti du panneau de tapisserie s’avançait vers elle en brandissant son glaive d’un air féroce, et que ses jambes, attachées au sol, refusaient de fuir. Alors elle se réveillait en sursaut, et elle avait besoin de savoir un être vivant près d’elle, pour chasser ses terreurs nocturnes.

— Vous êtes là, Julie ?

— Oui, madame : vous pouvez dormir tranquille.

Le lendemain, vers les onze heures, madame Chaboin se leva, fatiguée, avec de grands bâillements. Après avoir enfilé un pantalon à pieds et passé une robe de chambre fourrée, malgré le beau soleil de printemps qu’il faisait, la dame se coiffa d’une belle chéchia de zouave, puis dit au majordome, qu’elle avait fait appeler :

— Benoite, je veux visiter ce manoir ; qui y a-t-il ici pour le montrer ?

— Goussard, le garde… ou sa femme.

— Cette brune en falbalas que j’ai aperçue en arrivant ?

— Elle-même.

— Je n’en veux pas : faites appeler Goussard.

Mais Goussard, qui faisait aussi les fonctions de régisseur depuis le temps du marquis d’Auberoque, était allé dans une métairie voisine. Il fallut le héler des remparts, en sorte que madame Chaboin dut commencer seule sa visite par la chapelle, petit bijou de style ogival primaire.