Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/163

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la centième partie de la propriété qui lui avait coûté six cent mille francs, y compris le château qui seul valait ce prix.

Ainsi, en comptant pour rien cette demeure princière, l’hectare, bon ou mauvais, qui revenait à madame Chaboin à cinq cents francs, était revendu par elle dix mille francs, quoique les terrains pris fussent les plus mauvais de sa terre.

Et il n’y avait pas à dire que l’on payait ici un dommage causé, une dépréciation de ce beau domaine, car l’emprise était faite tout à l’extrémité de la propriété, à laquelle, au contraire, la facilité des communications allait donner une plus-value considérable, comme cela se vérifia plus tard.

On voit que madame Chaboin faisait une riche affaire. Pourtant, comme si elle eût pu être tentée de refuser, un haut employé vint de Paris, dare dare, afin de traiter avec elle. Cette précipitation et ce déplacement, qui n’étaient pas habituels, firent jaser quelque temps, mais ce fut tout.

Il est vrai qu’après la signature de l’acte de vente le conseiller vint emprunter à madame Chaboin un billet de mille francs. Prêter de la main à la main à M. Duffart, ou même autrement, c’était donner. Madame Chaboin donna donc le billet de mille, sans observations, en se disant :

« Le pauvre diable ! il a fait assez de démarches,