Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/190

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La petite sourit un peu :

— C’est vrai… L’habitude m’avait empêché de remarquer cela.

Ainsi, pendant que M. Desvars s’acharnait à son atelier, ils causaient paisiblement de choses et d’autres, indifférentes quelquefois en apparence, mais qui leur faisaient goûter la douceur de communiquer ensemble. Michelette trouvait à la voix du receveur une beauté virile qui la faisait vibrer, et lui ne pouvait entendre la voix d’or de la jeune fille sans être délicieusement ému.

Lorsqu’il était nuit close, M. Desvars sortait de son atelier, et s’il n’était pas trop absorbé par une difficulté à résoudre, il venait se mêler à la conversation qui, alors, fréquemment déviait du côté de ses inventions. Le pharmacien venait parfois aussi, et avec lui qui n’était ni amoureux, ni inventeur, l’entretien prenait une tournure plus générale et portait sur des sujets plus vastes, où se montraient ses aspirations généreuses, le souci des problèmes sociaux, et l’amour des grandes choses qui, à travers les siècles, ont passionné l’humanité.

Mais, le plus souvent, les deux jeunes gens étaient seuls. M. Desvars, pour rêver plus commodément à ses inventions, allait se mettre au lit, et M. Farguette restait à la pharmacie, occupé à préparer les remèdes que les gens venaient querir le soir, afin d’économiser le temps. Ils passaient ainsi