Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

senlits à la sortie de l’hiver, on ne l’apercevait guère non plus. Mais du coteau en face, de Belarbre, que certains appelaient ironiquement « la Questure », et d’autres, mal-appris, « la niche à Baba », on voyait parfaitement ce qui se passait dans le jardin Desvars. Plusieurs fois, depuis le départ du conseiller qui avait laissé ses clefs chez M. Madaillac, l’intendant, avec son instinct de l’espionnage, s’était embusqué derrière les contrevents et avait épié le receveur, sans but déterminé, pour le moment, mais c’était un homme qui recherchait comme une arme la possession des secrets d’autrui. C’est ainsi qu’il avait retenu des papiers du défunt marquis d’Auberoque, qui l’avait employé quelque temps, et qu’il s’était approprié, avec la complicité du secrétaire Madaillac, des pièces tirées des archives de la mairie.

Au reste, il avait vu peu de chose de sa cachette. Le receveur parlait souvent avec Michelette, mais toujours par-dessus le petit mur : il n’y avait pas là de quoi incriminer les relations des deux jeunes gens. Cependant, comme d’autre part on ne connaissait aucune liaison à M. Lefrancq, l’intendant en concluait qu’il était l’amant de la jeune fille, et alors son intervention s’expliquait. Une circonstance concourait à confirmer Guérapin dans cette supposition, c’est qu’il avait su de M. Monturel, qui ne pouvait rien celer, que le receveur avait déjà payé les contributions de son propriétaire.