Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Farguette lut la lettre, qui n’était qu’une réédition, à l’intention de M. Lefrancq, des grossières injures et des calomnies contenues dans celle au nom de Michelette.

— Il y a bien, répondit M. Farguette, deux ou trois personnes à Auberoque capables d’écrire des lettres anonymes ; mais d’aussi méchamment dégoûtantes, je n’en connais qu’une, la veuve Creyssieux. Au surplus, j’imagine que vous n’avez pas le plus léger doute sur toutes ces infamies ?

— Oh ! pas le moindre !… Seulement, je voudrais bien faire punir cette misérable.

— Ce sera difficile : voilà vingt ans qu’on n’a vu ici une ligne de la main de la Creyssieux. Elle fait écrire sa fille, sauf lorsqu’il s’agit de lettres de ce genre : aussi la confrontation des écritures est-elle à peu près impossible…

Pendant que la sœur de Guérapin calomniait ainsi la fille et le père, M. Desvars, à Paris, songeait au retour. L’Exposition était close, les exposants emballaient ; mais, en dépit de tout, un reste d’espérance retenait encore l’inventeur et lui faisait différer son départ. Pourtant il avait eu, peu auparavant, la cruelle surprise de voir médailler une machine appelée vélocipède, presque comme la sienne : il n’y avait qu’une lettre de changée. C’était une machine à deux roues seulement, l’une grande, l’autre toute petite, et infiniment plus douce, plus ma-