Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/257

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crinoline fort goûtés du public ; mais elle ne s’inquiétait pas de cela : son linge était irréprochable et les dentelles de son pantalon étaient de point d’Alençon. Aidée de John, qui cavalcadait à ses côtés sur un coursier tigré, elle continua vaillamment à bombarder de ses confetti les jeunes gens qui la poursuivaient et lui rendaient cela au passage en projectiles variés.

Cependant, Exupère et son cousin l’ayant couverte de plumes, au premier arrêt du manège elle courut à la poste avec John, pour se mettre à l’abri et remplacer ses munitions épuisées.

— Viens, mon petit chéri : nous allons nous venger de ces monstres-là !

— Dinah se promène avec Frédéric, leur dit madame de Caveyre.

— Ah ! il est enfin arrivé !… Nous, nous venons chercher d’autres confetti

Ils furent un peu longtemps à renouveler leurs provisions. Du bureau où elle était, la bonne madame de Caveyre entendait des chuchotements, de petits rires étouffés, des froufrous d’étoffes, et elle souriait avec bénignité en regardant avec son face-à-main M. Duffart, qui, le mantelet de sa sœur sur l’épaule, arraisonnait un électeur en le tenant par le bouton de sa veste.

Lorsque la bataille fut finie, faute de munitions, John proposa d’aller faire un petit tour au bal. Dans