Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/260

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plus de six mois, était arrivée de chez sa mère, la veille, à la grande surprise de tout le monde :

— Elle a quelque chose à faire conjugalement légaliser ! avait dit la bonne dame Desguilhem.

Le cousin Frédéric ayant été présenté sommairement à la compagnie, on se mit à table. Le lieutenant, qui venait de Bordeaux, avait eu l’attention de se munir d’une grosse bourriche d’huîtres et d’une caisse de sauterne de haute marque. Cette entrée en matière disposa bien les convives : aussi, à mesure qu’on entamait un excellent pâté de foies gras et une galantine truffée, arrosés d’un vieux vin de Saint-Émilion, du cru du général papa-gâteau, la gaieté devenait un peu plus bruyante. Ce singe de John particulièrement avait une verve endiablée :

— Hein ? mademoiselle Duffart, nous avons été bien criblés ! disait-il en découpant un perdreau. Mais comme nous nous sommes vengés !

Et mademoiselle Duffart, entendant l’allusion, riait comme une folle.

— Moi, reprenait le drôle, je ne suis pas satisfait : si vous vouliez, nous nous vengerions encore après souper ?

— Mais nous n’avons plus de confetti ! objectait la sœur du conseiller, se complaisant à cette équivoque.

— Bah ! ne craignez rien ; je sais un bon moyen de vengeance !