Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/289

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délibération qui régla l’affaire, qu’elle se relâchait de son droit, et qu’elle faisait un « don » de quinze cents francs à la commune : non contente de la spolier, elle exigeait encore de la reconnaissance !

Cependant l’église se construisait assez rapidement, plus vite qu’il n’est de coutume dans le pays, où les bâtisses marchent avec une sage lenteur. Mais M. Capgier était pressé de palper ses doubles honoraires, sans compter le tour du bâton, comme on dit. Coustau et lui semblaient faits l’un pour l’autre, tant ils s’entendaient bien. L’architecte tolérait les matériaux de qualité inférieure : pierre gélive, sable non lavé, chaux grasse au lieu de chaux hydraulique de Saint-Astier ; et il acceptait les quantités réduites de moitié et la main-d’œuvre défectueuse. De son côté, l’entrepreneur partageait avec l’architecte le produit de ces manœuvres frauduleuses.

Les gens du bourg ne voyaient pas tout cela ; ils se réjouissaient d’avoir très prochainement une église, et, qui plus est, une église qui écraserait de sa supériorité architecturale, pensaient-ils, celle de Charmiers. Aussi, tous les jours, nombre d’oisifs se tenaient autour du chantier, les mains dans les poches, regardant travailler les ouvriers et faisant leurs réflexions. M. Monturel était un de ces assidus badauds. Plusieurs fois dans la journée, sa bonne venait l’avertir qu’on le demandait au bureau : il s’en allait alors en bougonnant, mais revenait bientôt et