Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

appuyé contre la vitre, songeant. Dans le jardin du propriétaire, mademoiselle Desvars traversait quelquefois, allant au hangar chercher des branches de fagots, et il admirait sa taille souple et l’ensemble tout gracieux de sa personne.

Le soir, après dîner, M. Lefrancq allait chez le pharmacien, et tous deux, dans le petit cabinet bien clos, causaient au coin du feu en fumant des cigarettes…

Il y avait environ deux mois que le receveur était à Auberoque, lorsqu’un jour M. Desvars vint le trouver, sérieux et rayonnant à la fois :

— Ma petite machine est achevée, terminée, prête à fonctionner : venez la voir !

M. Lefrancq suivit l’inventeur, qui le conduisit à son atelier. C’était l’ancienne boutique de serrurerie des Desvars, considérablement agrandie par le dernier représentant de cette vieille famille d’artisans, habile serrurier lui-même. À l’une des extrémités était installée une forge avec tous ses accessoires : enclume, étaux, machine à forer, etc. À l’autre bout de l’atelier était un établi de menuisier avec des scies, des rabots, des ciseaux accrochés au mur et, à côté, un tour. Dans un coin, des pièces de fer, de fonte, des débris métalliques de toute sorte et des formes les plus bizarres, s’amoncelaient jusqu’à hauteur d’homme. Il y avait là des tonnes de métal qui témoignaient des tâtonnements