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ment le long des charpentes de châtaignier franc, sous un angle très aigu, en raison de l’énorme charge. Çà et là, les pierres soulevées abritent de petites ouvertures triangulaires appelées « chatonnières », qui éclairent les greniers. Le chapeau des cheminées, peu élevées au-dessus des toits, est fait de légers piliers de pierres brutes qui soutiennent une grande pierre plate, à peu près carrée, telle qu’elle vient de la carrière. L’ensemble, très original, a la forme d’une petite table rustique et abrite de la pluie le foyer. Au sommet des toits, aux angles principaux et à la pointe de la tour, des sortes de bouteilles en terre cuite, de formes bizarres, contenant autrefois l’eau bénite qui devait préserver le château de la foudre, présentent un curieux spécimen des paratonnerres inventés par la foi naïve des temps passés.

Du côté de la Vézère, le rocher sur lequel est bâti le petit manoir forme une sorte de terrasse naturelle, bordée d’un mur à hauteur d’appui qui suit les contours irréguliers de l’énorme masse. À l’opposé, du côté du plateau, une écurie, le fournil, d’autres « aisines » et un gros mur de douze pieds enferment une cour où l’on accède par une porte cavalière à laquelle aboutit un chemin creux et rocailleux, bordé de vieux châtaigniers. Ce chemin va rejoindre, à quelques portées de fusil, une vieille voie appelée « la Pouge », nom que portent plusieurs anciens chemins du Périgord.

La vue, très bornée de ce côté, s’étend de la terrasse sur le cours de la Vézère et sur la vallée semée de hameaux et de métairies isolées au milieu des cultures. Au delà, des coteaux pierreux, dénudés par places, ravinés quelquefois ou couverts de châtaigneraies, de bruyères, de taillis de chênes clairsemés, avec quelques défrichements plantés en vignes, bordent