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préparer à faire sa première communion ; et que, d’autre part, il n’était pas possible de continuer à l’envoyer à l’école du Prieuré, la sœur étant incapable d’autre chose que de montrer les premiers éléments aux petits enfants. M. de La Ralphie s’était bien dit cela déjà, mais il lui en coûtait de se séparer de sa fille et il avait temporisé. Des conférences qu’il eut avec sa tante à ce sujet sortit cette résolution qu’on mettrait Valérie au couvent des sœurs de Fontagnac, dont la supérieure était quelque peu parente des La Ralphie. Pour ménager la transition à l’enfant accoutumée au grand air et à la liberté, il fut convenu qu’à la Sainte-Cécile, qui est la grande foire de l’année, M. de La Ralphie irait, comme d’habitude, passer quelques jours dans sa maison de Fontagnac, et, cette fois, avec sa fille, qu’il mènerait au couvent chaque jour, afin qu’elle s’habituât à y demeurer comme pensionnaire.

Ceci décidé, quelques jours après, M. de La Ralphie enfourcha sa jument et alla voir sa cousine, la mère Sainte-Bathilde. Celle-ci, qui était une personne d’esprit délié, entendant fort bien les affaires temporelles, se prêta facilement aux conditions exceptionnelles que demandait M. de La Ralphie pour sa fille, tout heureuse d’avoir une pensionnaire de famille noble qui ferait honneur à l’établissement. Elle déclara qu’elle prendrait soin de sa petite cousine « comme de la prunelle de ses yeux » — ce fut son expression ; — qu’elle veillerait sur elle jour et nuit, et, à cet effet, la ferait coucher dans une petite chambre proche de la sienne, n’entendant nullement la traiter comme le commun des pensionnaires, ni la soumettre à leur régime. Avec une personne aussi accommodante, il n’y avait pas à marchander ; M. de La Ralphie ne fit donc aucune difficulté de