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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/131

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En cheminant, M. Rudel rumine la situation et cherche les moyens d’en venir à ses fins. Il n’en voit plus que deux : acheter la Guillone pour avoir la petite, ou prendre celle-ci de ruse ou de force, l’occasion se présentant.

Il croit bien que la Guillone ne se laissera pas acheter… Cependant il en a vu tant d’autres, mères et filles, rétives en diable, s’apprivoiser à la vue de l’or !…

Afin de savoir à quoi s’en tenir, M. Rudel donne commission à la bonne femme de lui ramasser de la petite centaurée pour faire de la tisane à couper les fièvres : ça ne vaut pas la quinine, mais c’est beaucoup moins cher.

Lorsque la Guillone va lui porter sa cueillette, le médecin, soi-disant pour la payer, étale sur la table de sa chambre une poignée de louis d’or tirés d’une grande bourse de cuir, et les aligne : un, deux, trois, quatre, cinq…

— Hé ! hé ! fait-il, avec ça tu pourrais te mettre à ton aise… Qu’en dis-tu ?

Elle n’en dit rien, la mère nourrice ; mais elle regarde les louis et pense qu’avec les autres