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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/142

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scène, et elle a peur : peur de tout, de l’obscurité qui l’enveloppe ; peur surtout de M. Rudel… S’il allait forcer la porte !…

Vers dix heures, une main soulève le loquet ; puis, la porte ne s’ouvrant pas, une clef-torte passe par le trou et tente de faire jouer le verrou : heureusement, il est bien attaché. Mais la voix sourde de M. Rudel crie par le passage de la clef : « Ouvre ! » et la porte est secouée avec force. De la porte il passe au fenestrou, derrière la maison, essaie de l’ouvrir, et, ne pouvant, cogne et jure, furieux. Longtemps il tourne autour de la bicoque comme un loup autour d’une bergerie : le cœur de la petite bat fort pendant ce temps. Puis le bruit cesse, elle se croit délivrée. Soudain, entre le mur et le contrevent du fenestrou, M. Rudel introduit le tranchant d’une pioche trouvée auprès de l’étable. Affolée, la Nicette, les jarrets coupés par la peur, monte à grand’peine l’échelle de meunier du grenier, et, par la « chatonnière » ouverte dans la tuilée, elle crie haletante :