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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/199

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fichu croisé par devant et retenu par un tablier à deux poches.

C’est une brune au nez un peu recourbé, à la lèvre ombrée d’un léger duvet ; dont la bouche rouge ne rit jamais. Ce qu’elle a de mieux, ce sont ses grands yeux noirs pleins de feu, toujours cerclés de « machures » couleur d’écorce de châtaigne.

À dix-sept ans, c’était une belle et jolie fille, vive, aimable, qui faisait penser à l’amour. Et de fait elle était déjà courtisée par les galants et pour le bon motif. Pourquoi ne s’est-elle pas mariée, riche comme elle est ? On ne sait. Les uns supposent un amour contrarié ; d’autres croient à quelque défaut en son corps qu’elle n’a voulu révéler. La vérité c’est que M. Rudel a passé par là.

C’était un ami de la maison qui, l’ayant vue petite drolette, la traitait familièrement, l’embrassait et la faisait rire avec des ricantaines. Qui, chez les Nougarède, se serait méfié de l’ami Rudel, homme de trente ans, médecin de la famille, marié, père de deux enfants ! Ce n’était