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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/201

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lui cacher le nom de celui qui l’avait mise à mal. De quatre grands mois elle ne sortit de sa chambre, et passait pour être malade. M. Rudel venait toutes les semaines, ce qui aidait à croire à ce semblant de maladie. Malgré toute l’horreur et la haine qu’elle avait pour cet homme, elle fut obligée de se laisser accoucher par lui, afin de ne pas mettre un autre médecin dans le secret.

Puis, lorsqu’elle fut délivrée nuitamment, Jeantil, le vieux domestique, porta l’enfant à l’hospice d’Hautefort, avec une marque pour le retirer plus tard.

C’était bien son intention, mais non celle de ses père et mère qui espéraient la marier nonobstant cet accroc, la chose étant restée secrète. Aussi, lorsqu’un an après elle envoya Jeantil à Périgueux pour s’informer, lui, bien embouché, revint disant que l’enfant était mort quelques jours après son arrivée à l’hospice. Cette nouvelle l’avait rendue bien triste, la pauvre fille, mais, avec le temps qui amortit les chagrins comme les joies, elle s’était résignée.