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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/202

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De bons partis elle avait refusé depuis, pour ne vouloir tromper personne ; ça au grand regret de ses parents. Puis son père étant mort le premier, et sa mère ensuite, l’année même où elle coiffait sainte Catherine, la pauvre Céleste était restée seule.

Il y en a qui, voyant cette belle fière fille aux yeux de braise charbonnés, ne peuvent croire qu’elle se puisse passer d’homme. On dit à Maumont qu’elle s’était servie d’un de ses domestiques, beau fort garçon qui était demeuré sept ans dans la maison, où il avait bien fait ses orges. Pour avoir voulu prendre un peu trop de maîtrise, il avait été renvoyé naguère par la demoiselle, qui peut-être aussi en avait assez. Sept ans, c’est un congé de jadis, et, ma foi, les femmes aussi bien que les hommes, sont sujettes à aller au change.

Voilà ce qui se dit. Au reste, c’est une femme de tête qui sait mener ses besognes et faire marcher son monde. Il ne faut pas que ses métayers s’imaginent faire sauter des gerbes, ou quelque comporte de vendange ; elle y voit trop clair