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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/224

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bien un mouvement de honte en songeant qu’elle a le double d’âge que celui qu’elle convoite. Mais lorsqu’en s’habillant et se dévêtant elle se regarde à son grand miroir, elle se trouve jeune encore et bien idoine à faire l’amour. Et de fait elle est belle de corps, grande, point trapue ni grasse, charnue assez pour qu’on ne voie pas les os, et ferme comme un gland.

Toute la fin de cette semaine, Céleste se complaît dans ses pensers amoureux, caresse ses désirs et ne tient pas en place. Elle va du rucher à la fuie, qui est là-bas au bout de l’allée de pruniers qui mène à la vigne de garde, nerveuse, impatiente, mâchant un bout de lavande… Puis elle se plante et regarde sans voir, les oies du village évoluant sur le grand « lac » au bas du puy.

Enfin le dimanche vient et elle éprouve ne sais quel plaisir secret à se faire belle. Pourquoi ce linge fin, cette robe de beau mérinos grenat, ce tablier de soie gorge-de-pigeon, ce fichu de cachemire qui tient les seins bombés, et laisse voir la naissance de la poitrine, où brille