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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/270

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chagrine, qui la hontoie, c’est de s’être amourachée d’un mauvais chenapan, d’un débauché, d’un voleur pour tout dire.

En ce temps-ci, le vol ne tire pas à grande conséquence ; on en rit s’il est adroitement « perpétré », comme disent les gens de loi. La justice est facile et débonnaire pour les commençants ; le premier vol ne compte pas. Même il y a d’honnêtes gens qui donnent la main à un voleur pour peu que le magot volé soit gros.

Autrefois il n’en allait pas ainsi. Pour les simples gens de campagne, surtout, l’homme convaincu de vol était déshonoré, tenu à l’écart. Ce qui n’était point juste pourtant, quelque chose de son indignité rejaillissait sur ses proches, sur ceux qui le hantaient ordinairement. C’est pour ça que Céleste est si honteuse d’avoir failli se donner à Milou le voleur, et même encore à cette heure, de ne pouvoir penser à ce mauvais sujet sans une secrète émotion des sens. Des sens seulement, car autrement elle l’a en horreur.

Nul autre qu’elle ne connaît ce vol, mais