Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/145

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qu’il emploie, de ses outils, de ses instruments ! C’est là, n’en doutez pas, un des motifs qui le rendent si redoutable aux Américains, et c’est par là qu’il battra tous les Européens le jour où il viendra leur apporter la concurrence de ses bras. Il est trop sobre, dit-on. Oui, mais c’est parce qu’il sait un pays dont le souvenir ne le quitte jamais, où la terre est plus fertile, où les impôts sont moins lourds, la civilisation plus douce que dans le pays étranger où la dureté du sort l’a contraint de chercher momentanément un abri. Non, véritablement, il n’y a rien d’étonnant à ce que les Chinois ne s’acclimatent point à l’étranger.

Mais c’est en agriculture que les conditions générales de la civilisation chinoise sont particulièrement favorables au jeune paysan. De quoi a-t-il besoin ? De crédit ? Le propriétaire qui lui confie sa terre sait très bien qu’il ne la détruira pas ; tout au plus peut-il lui demander d’en assurer le loyer ; mais avec 25 francs il en affermera une quantité suffisante pour commencer ; et l’on sait quel trésor c’est que la terre chinoise. D’instruments ? Une bêche lui suffit. D’engrais ? La terre se nourrit de ce qu’il rejette chaque jour. De vivre en attendant les récoltes ? Elles se succèdent de mois en mois. Mais s’il grêle ? S’il grêle, n’a-t-il pas là, dans quelque coin, semées d’avance et déjà grandes,d’autres plantes toutes prêtes à être repiquées pour remplacer celles que la grêle aura hachées ? Un mois de perdu, six semaines au plus, et voilà tout. Ah ! quelle différence