Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/190

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le pressent. Voilà un premier point. Il y en a beaucoup d’autres. Notre commerce, sans apporter dans le pays aucun produit indispensable, trouble les rapports que les siècles ont créés entre la production et la consommation et déconcerte une économie politique dont les résultats valent bien, après tout, ceux que nous pouvons apprécier nous-mêmes en Europe. Il y introduit, en outre, par l’opium, un dissolvant des plus funestes. Bien que les fumeurs d’opium ne soient pas en aussi grand nombre qu’on le pense, puisque la consommation de cet article d’échange ne dépasse pas 400 millions pour 537 millions d’habitants, il a déjà jeté un désordre sensible dans l’aménagement du sol. La culture du pavot, interdite jusqu’en 1860, a dû être autorisée depuis que, les Européens ont contraint le gouvernement à en admettre le produit, et elle occupe des milliers d’hectares que le peuple ne voit pas sans colère enlever à des récoltes nécessaires. On dit que l’opium était déjà dans les habitudes de la nation. Toute société contient en germe tous les vices possibles. Je dirai plus tard les raisons morales du développement de celui-ci ; mais les raisons physiques sont de celles que le gouvernement avait le droit et le devoir de restreindre, et l’on est absolument fondé à reprocher aux Européens de n’avoir tenu compte ni de ce droit, ni de ce devoir. En 1861, me trouvant au Japon, l’on parlait à Nagasaki d’un navire chargé de cent fumeurs d’opium, envoyés par une maison