Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/194

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et de la vérité. Ce que j’ai dit, au chapitre du Travail, des illusions du P. de Prémare et de sa tendance à forcer les textes est une première indication des dangers que les missionnaires même les plus instruits et les plus sincères peuvent faire courir à l’une et à l’autre.

Quelques-uns ne se contentent pas d’altérer le sens d’un caractère. Il existe, par exemple, une traduction de l’Y-King, le livre majeur et premier des Chinois, par le P. Régis, un ancien jésuite. Mais le P. Régis n’a pas seulement mal traduit l’Y-King ; se trouvant gêné par les commentaires que Confucius y a ajoutés, il les a tout bonnement supprimés pour y substituer les siens[1]. Doit-on attribuer uniquement à l’éducation religieuse particulière du P. Régis un procédé aussi inqualifiable ? Non : à en croire quelques sinologues, des laïcs même qu’il est inutile de citer se seraient rendus coupables de faits analogues. Tant il est vrai qu’en certaines matières il ne suffit pas de savoir une langue pour la bien interpréter, mais qu’il est indispensable d’y joindre une grande indépendance d’esprit et de caractère et certaines connaissances préalables. Or, si ces qualités réunies ne se rencontrent pas toujours chez les laïcs, combien doit-il être plus rare encore de les trouver chez les religieux !

Cependant, tout odieuses que soient ces infidélités de

  1. Voir la Préface d’un livre intitulé: Vestiges des principaux dogmes chrétiens, etc., page 10, par M. Bonnetty, ouvrage déjà mentionné.