Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/195

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traducteur et ces violences faites aux livres consacrés de la Chine, elles n’ont, au moins directement, fait verser le sang de personne. Malheureusement, ce ne sont pas les seules que le zèle religieux fasse commettre aux bons missionnaires. J’arrive maintenant au groupe, beaucoup plus nombreux aujourd’hui que le premier, de ceux qui font de la propagande le but exclusif de leurs efforts. Quelles que soient d’ailleurs leur instruction et leur habileté acquise dans la pratique de la langue chinoise, ceux-ci, sauf de très honorables exceptions, sont un véritable fléau, et la civilisation européenne ne saurait avoir en Chine de plus terribles agents. « Tout pour la gloire de Dieu et de son Église catholique, aposto lique et romaine, voilà leur maxime. »

« Français, oui, ainsi que me le disait l’un d’eux, le P. Lemaître, qui l’avait également déclaré au général de Montauban, Français, sans doute, mais avant tout : Romains. » Voilà ce qu’ils sont. En 1860, notre plénipotentiaire, le baron Gros, avait comme premier interprète un prêtre des missions étrangères, M. Delamarre. Ce prêtre, abusant de ses fonctions et de la confiance du baron Gros, ne craignit pas d’insérer dans le texte chinois du traité, à l’insu et contre la volonté du plénipotentiaire, un article qui peut à chaque instant provoquer une guerre entre la France et la Chine et qui a déjà causé bien du mal[1]. D’après cet article, en effet, le

  1. Je tiens le fait de plusieurs sources, et entre autres de M. Delamarre, qui se glorifiait beaucoup de sa supercherie.