Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/201

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guerre de 1860, ce fut un débordement inouï des prétentions les plus grotesques et les plus saugrenues. Et ce qu’il y a de très remarquable, c’est que personnellement et quand ils peuvent oublier le motif de leur présence en Chine, les missionnaires sont, au demeurant, les meilleurs gens du monde, aimables, pas plus fiers que vous ou moi et tout prêts à rendre service. Je leur dois même ce témoignage, et je le leur rends avec grand plaisir, que je n’ai qu’à me louer de mes relations privées avec la plupart d’entre eux. A les voir si polis, si doux, si obligeants, on leur donnerait, suivant une expression populaire, le bon Dieu sans confession. A les entendre parler de leur patriotisme, il n’est pas étonnant que l’on ait quelquefois songé à utiliser l’influence, assez problématique du reste, qu’ils assurent avoir dans les pays qu’ils cherchent à convertir. Mais défiez-vous, ces hommes si bons et si dévoués perdent la tête dès que l’intérêt de la religion ou de leurs congrégations peut être en jeu. Ils deviennent faux, égoïstes, durs, cupides, ne reculant devant rien, pas même devant le sacrifice de votre vie, pour arriver à leurs fins ou à celles qui leur ont été imposées. Je me souviendrai toujours des entraves de toutes sortes que l’évêque du Se-Tchuen, M. Desflèches, chercha à mettre à mon voyage dans cette province, avant que je l’entreprisse et des tours qu’il me joua une fois que j’y fus arrivé. Pensez donc, j’allais probablement montrer à des chrétiens, jusque-là préservés de tout contact profane, que tous les Français n’allaient