Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/216

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un des plus beaux succès de la civilisation chinoise, c’est celle du ministère de l’agriculture. Je disais tout à l’heure qu’il avait été, sous la dynastie des Tcheou, tout le gouvernement. Il a complètement disparu. Et cependant l’agriculture n’est nulle part aussi florissante. C’est qu’il ne faut pas s’y tromper : ce qui fait l’agriculture prospère, c’est avant tout la justice. Je me répète, je le sais. Et pourtant non ; ce n’est pas moi, c’est la civilisation chinoise qui se répète. Mais quel plus bel éloge, et qui prouve mieux son unité, que tous ses aspects soient éclairés des mêmes rayons ou que tous ses rayons se confondent en la même lumière ? Faites justice à la terre. Rendez-lui ce qu’elle vous donne. Gaspiller ce qui en reste est un crime. Ne le jetez pas à la mer. N’exportez pas votre territoire. La terre est le corps de l’humanité. Unissez-vous à elle comme l’âme est unie au corps. Faites justice au cultivateur. Ne lui prenez point, oisifs, le fruit de son travail, ni la sueur qui a fécondé vos champs. N’ajoutez pas au labeur qui le courbe un impôt qui l’écrase. Que les terres qui servent à vos plaisirs payent au moins autant que celles qui vous nourrissent. Alors l’humanité, le gen, porteront leurs fruits. Et ils les ont déjà portés. Les générations ont augmenté. Grâce à la densité de la population, la terre est arrivée à une fertilité qu’aucun savant n’oserait rêver. Sur le même champ et dans la même année, les récoltes succèdent aux récoltes, les moissons s’entassent, et sur une surface où quelques