Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui faut quelque chose de plus. Cela est facile à expliquer. Les magistrats publics écoutent, jugent et condamnent. Les magistrats domestiques éclairent avant de prononcer. Avant d’être condamné, le coupable est convaincu. Sa conscience endormie s’est réveillée, et il se rend. Aucune force n’est utile. J’ai vu des convicts chinois tendre eux-mêmes leurs jarrets aux fers qu’on allait leur mettre.

Il est certain que tout cela suppose une idée de la justice portée à une puissance extraordinaire. Quoi d’étonnant pour nous qui connaissons maintenant les institutions chinoises et qui nous rappelons en particulier les coutumes relatives au pouvoir judiciaire domestique ? Je ne sais plus qui a dit que tout homme est l’addition de sa race. Et vous, lecteur, qui admettez la transmission héréditaire de certaines facultés, songez à l’accumulation produite en chaque Chinois par tant de siècles écoulés.

Les Chinois, qui eux-mêmes prétendent à un sentiment très développé de la justice, l’expliquent d’une autre façon. Cette croyance n’est, après tout, ni plus métaphysique ni plus mystique que l’explication qui se fonde sur l’atavisme. La voici, vous choisirez.

« Lorsque l’enfant naît, c’est un homme, et pourtant l’on ne voit en lui que l’enfant. Lorsqu’il grandit, ce ne sont pas seulement ses bras et ses jambes qui se développent, ce sont ses idées. De même l’humanité. Aucun homme ne la verra jamais tout entière, et